mardi 28 janvier 2014

Les personnalités difficiles ou dangereuses au travail


Des personnalités difficiles ou dangereuses, on en a tous rencontrés. Des chieurs et des emmerdeuses. Des pénibles de toutes sortes. Je suis bien persuadée que les bibliothèques ne sont pas épargnées (loin de là !), alors je me suis dit que j'allais vous parler un peu de ce livre.

Les personnalités difficiles ou dangereuses au travail : identifier les comportements et gérer les troubles / Roland Guinchard. Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson, imp. 2013, cop. 2013.

Tout d'abord, je l'ai lu d'une traite, tant je l'ai trouvé passionnant, et c'est bien pour ça que je vous le recommande. Pourtant, je partais avec un a priori négatif, sachant qu'il s'appuie sur l'hypothèse psychanalytique, dont je n'avais pas une bonne image. Mais Roland Guinchard a une écriture si claire, si synthétique, si convaincue, ses exemples sont si bien choisis, que j'ai trouvé difficile de lui résister. Ce qu'il dit fait sens et il m'a semblé reconnaître dans ses descriptions quelques personnes... Surtout, il donne des conseils très pratiques pour gérer les personnalités difficiles dans le cadre du lieu de travail. Enfin, j'en ai aussi un peu appris sur moi.

Toujours pas convaincus ? Alors je vais vous résumer une petite partie de son raisonnement.

Tout d'abord, la définition d'une personnalité difficile :
"Une personnalité difficile manifeste un comportement inadapté à la situation de travail, de façon répétitive et sans raison accessible, entraînant une gêne réelle pour l'entourage professionnel et pour la performance de l'entreprise, avec une vraie difficulté, voire une certaine souffrance, de la personne difficile elle-même."
Partant de cela, il faut savoir que nous sommes tous des névrosés. Ce qui est une bonne nouvelle car cela veut dire que nous sommes pas des psychotiques. Les névroses sont là pour compenser les petites explosions d'énergie inconsciente qui bouillent sous le voile de notre conscience et s'en échappent parfois. Au final, chacun de nous est en moyenne à 70% hystérique, à 20% phobique et à 10% obsessionnel. C'est lorsque ces pourcentages dévient fortement de cette norme qu'une personne devient une personnalité difficile.

Les hystériques regroupent la plus grande part des personnalités difficiles. Chez une personne normale, l'hystérie, c'est ce qui nous pousse à nous interroger sur ce que les autres pensent de nous, leur opinion, l'impression qu'on leur fait, c'est l'envie de plaire.
Chez la personnalité difficile à tendance hystérique, on va remarquer un aspect démonstratif (la personne "donne à voir", que ce soit en bien ou en mal, pour être admirée ou critiquée), un aspect touchant à la dimension du corps (le corps désirable ou le corps en plainte, ceux qui "allument" et ceux qui se plaignent constamment d'avoir mal quelque part), un aspect d'inauthenticité (excès dans la présentation des sentiments, variations fréquentes et rapides de l'humeur, les problèmes personnels envahissent l'environnement professionnel) et enfin un aspect d'insatisfaction (l'hystérique ne peut être satisfait, jamais).
Alors, comment gérer une personnalité hystérique ? La formule que propose Roland Guinchard repose sur 95% de distance et 5% de reconnaissance. Il faut, en toutes circonstances, rester professionnel et relativement distant mais savoir, de temps en temps et quand c'est justifié, féliciter et dire que les choses vont bien. Car en fait les personnalités hystériques semblent être angoissées par une absence de repères, ne sachant pas exactement où se situe la frontière entre vie professionnelle et vie privée. Elles vont alors tester cette limite pour s'assurer qu'elle existe bien. Il faut donc matérialiser d'autant plus fermement cette limite afin de les rassurer, sans oublier de leur donner leur dose homéopathique de compliments.

Je vous laisserais découvrir par vous même les deux autres versants des personnalités difficiles : les obsessionnels et les phobiques ; ainsi que les personnalités dangereuses représentées par les psychotiques, soit paranoïaques, soit pervers... C'est un voyage vraiment passionnant dans la psyché humaine, dont on ressort un peu changé et avec un nouveau regard sur nous-même et sur les autres.

mardi 14 janvier 2014

Les petits riens de la vie à Londres



Voici dix jours que je suis installée à Londres et tout se passe bien, vraiment bien. Je n'ai pas encore réussi à former de pensées vraiment cohérentes sur tous ces changements, j'ai trop le nez dedans, tout se bouscule et je manque de recul... Mais je me suis dit que j'allais commencer à collecter tous ces petits riens de la vie londonienne.
Si le cœur vous en dit. Et dans le désordre, bien sûr.

- Mes collègues me demandent si je veux une tasse de thé en moyenne 6 fois par jour. J'ai compté.

- Dès le premier jour, je me suis faite tremper jusqu'aux os par une de ces averses dont les britanniques ont le secret... Maintenant, je fais comme tout le monde et je ne quitte plus mon parapluie.

- Explorer son quartier à l'avant d'un double-decker...

- Les anglais ne mangent pas ensemble le midi. J'irais presque jusqu'à dire que les anglais ne mangent pas le midi. Les trois-quart de mes collègues se font réchauffer une soupe qu'elles mangent à leur bureau. Je fais de la résistance et je m'apporte des bentos avec de la vraie nourriture dedans.

- J'ai un mal fou à me faire à ces saletés de claviers QWERTY. Surtout que je retrouve mon AZERTY le soir venu. Du coup je fais des fautes de frappes constamment, c'est agaçant !

- Écouter la musique des différents accents qui peuplent Londres : les londoniens viennent d'un peu partout et personne ne s'attend à ce que tout le monde ait un accent anglais classique et parfait. Du coup, ça décomplexe drôlement.

- Je pensais que le plus fatiguant serait d'avoir parler constamment en anglais. J'avais tord : c'est la concentration requise pour écouter et comprendre les gens qui me parlent dans des environnements bruyants qui m'épuise le plus.

- J'adore le Tube, mais les tarifs des abonnements aux transports en communs n'ont vraiment rien à envier à ceux de la RATP, loin de là... Et moi qui trouvait mon Navigo un peu cher...

- Londres étant une ville horizontale très étalée, avec ses petites maisons et ses grands parcs, certains quartiers donnent un peu l'impression d'être presque à la campagne.

- Au petit matin, courir le long de la rivière qui passe près de chez moi et voir le Soleil se lever au-dessus des arbres.

- Après avoir été témoin des galères pour obtenir un appartement dans Paris, la facilité et le peu de documents administratifs pour accéder aux logements londoniens en est presque choquante. (On m'a dit "signe en bas" et c'était fini. On ne m'a pas demandé de preuve d'identité, ni de feuille de salaire, ni de garant... Rien. Certains demandent une lettre de recommandation du précédent propriétaire, mais globalement ça reste ultra-light...)

- Mais du coup, j'ai l'impression qu'un contrat de location ne vaut presque rien, notamment car il ne peut presque jamais servir de justificatif de logement ! Ce qui peut être assez embêtant quand on arrive, notamment pour pouvoir ouvrir un compte en banque...

- Sauf chez Lloyds ! Les banques Lloyds sont les amis des migrants : ils ne demandent qu'un passeport pour ouvrir un compte ! Ce qui me fait les aimer d'un amour un peu fou. Surtout qu'un relevé de compte en banque peut ensuite servir de justificatif de logement...

- Les écureuils qui pullulent partout dans les parcs !

- Voir passer une voiture avec un enfant à l'avant, se dire "t'es pas un peu jeune pour conduire, toi ?", se rappeler que le volant est de l'autre côté. Trois - quatre fois par semaine.

- Feuilleter "The Evening Standard" dans le métro le soir (journal gratuit, bien plus épais que le "Métro" parisien, un poil meilleur). Et récupérer le "Guardian" gratuitement quand je fais mes courses à Waitrose.

- Sourire tous les matins en me rappelant où je suis. :)


Licence Creative CommonsPhoto : prise par moi-même en janvier 2014.
Ce texte et cette photo sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage à l'Identique 2.0 Générique.